Contribution aux assises de la mobilité à Pibrac le 13 novembre 2017

Atelier relatif aux FRACTURES SOCIALES ET TERRITORIALES - Des mobilités plus solidaires : réduire les fractures territoriales et l’assignation à résidence, pour faire de la mobilité physique un moteur de la mobilité sociale.

Préambule :

Étant en situation de handicap, la mobilité a pour moi une résonance toute particulière. En effet, après avoir fait parti des valides je dois depuis quelques années vivre avec ma mobilité réduite. Je peux donc dire aux valides que s’ils ont des raisons de se plaindre certaines fois, les personnes en situation de handicap ont des difficultés encore plus importantes de déplacements au quotidien.

En fait, en matière de mobilité, elles  ont les mêmes besoins que les valides et il faut, pour atteindre la même mobilité, faire le nécessaire pour que soit effacée la réduction de leur mobilité.

L’exemple d’un déplacement intégrant un parcours en voiture illustre la perte de temps qu’enregistre une personne en situation de handicap par rapport à une personne valide : temps passé à rechercher une place de stationnement adaptée (ce qui n’est généralement pas une mince affaire) temps passé pour sortir du véhicule, temps passé pour trouver des itinéraires sûrs pour se rendre en sécurité à son point de destination, lorsque de tels itinéraires existent. A ces pertes de temps s’ajoutent malheureusement trop souvent les situations dangereuses d’obligation de circulation sur la chaussée lorsque des itinéraires sûrs n’existent pas.

Il est donc indispensable de toujours intégrer au projet une vision plus large de raccordement des environnements existants et de favoriser cette continuité de la chaîne du déplacement en tenant compte de la mobilité réduite des utilisateurs.

Une chose qui me frappe d’emblée, notamment lorsqu’il s’agit de mobilité, dans l’approche de la prise en compte du handicap, est de la réduire en un groupe de règles qu’il faut respecter et qui peuvent coûter cher à mettre en œuvre. Aussi, avant de rentrer dans le détail des éléments de mobilité à faire évoluer il me semble extrêmement important de reconsidérer l’abord de la question. Travailler sur la mobilité c’est considérer qu’il est normal de faire en sorte que tout le monde puisse bénéficier des créations, de l’évolution  et des améliorations. L’évaluation des besoins des utilisateurs passe, comme une chose naturelle, par la prise en compte des besoins des personnes dont la mobilité est réduite. La réduction de la mobilité ne concerne pas que les personnes handicapées qui en souffrent de façon permanente, elle peut aussi affecter chacune et chacun d’entre nous à un moment de son existence qu’il soit lié à un événement malheureux (accident) ou heureux (arrivée d’enfants) mais aussi, avec l’augmentation de l’espérance de vie, c’est une situation qui se présentera à tous dès lors que l’âge en affectera les capacités physiques.

Cette approche de l’adaptation des environnements, des produits et des services bénéficie à tous car elle rend plus pratique leur utilisation et le surcoût qui peut en résulter est à partager par tous.

Amélioration de certains outils de programmation de la mobilité :

Les PAVE : Les communes qui forment un maillage complet du territoire national doivent, pour une bonne proportion d’entre elles, aujourd’hui établir des plans de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (PAVE). Ces études relatives à la mobilité devraient pouvoir être menées systématiquement. Or aujourd’hui, force est de constater que peu de communes sont dotées de ces outils de programmation. Plusieurs explications à la situation : souvent les PAVE apparaissent trop complexes, nécessitent systématiquement d’avoir recours à des bureaux d’études (même pour les petites communes), les communes s’estiment couvertes par des schémas directeurs des métropoles. Il faut pouvoir relancer la mise en place de ces documents sur la base d’un document simplifié facilitant la mise en œuvre des études et travailler en étroite relation avec les autorités de l’Etat compétentes (notamment les préfectures et les directions départementales des territoires). En outre, les communes disposent d’un appui de réflexion à travers les missions des commissions communales d’accessibilité. L’effectivité de leur existence et de leur fonctionnement pourrait participer utilement aux réflexions sur la mobilité.

Les SDA-Ad’AP : les schémas directeurs d’accessibilité des services de transports collectifs qui doivent être élaborés par les autorités organisatrices de transport sont de bons supports en termes de prévision de la mobilité pour tous. Or, là encore ce support mérite d’être suivi de manière cohérente par les préfets car il constitue un élément déterminant du maillage des déplacements.

Observations diverses :

Pour dynamiser la mise en œuvre d’une mobilité adaptée à tous il convient de mettre l’accent, avec l’aide des préfets garants de l’application des lois et règlements sur les territoires, sur la réalisation effective des obligations des villes pour que cela constitue une vitrine exemplaire entraînant tous les acteurs situés sur leurs territoires à s’engager dans la démarche.

De manière à faciliter le déplacement des personnes à mobilité réduite il faudrait systématiquement établir des plans, mis à jour au fur et à mesure, où sont indiqués les itinéraires adaptés qu’elles peuvent emprunter au même titre qu’il existe des plans sur les réseaux de déplacements pour les valides. Cette mesure serait même à élargir sur toutes les listes de services notamment médicaux en indiquant par exemple les cabinets médicaux accessibles etc.

S’assurer que la formation technique et pratique des personnels accueillants des publics spécifiques comme les personnes à mobilité réduite soit réelle pour éviter les accidents et la maltraitance. Cet aspect est très criant tant dans les transports collectifs classiques que dans les transports spécifiques tels que les transports à la demande.

Dans les territoires périurbains il faut s’assurer qu’un arrêt d’autobus adapté aux personnes à mobilité réduite ne débouche pas sur un territoire impraticable pour ces personnes. Il arrive effectivement fréquemment que des personnes à mobilité réduite se retrouvent obligées de circuler sur la voirie ce qui est particulièrement dangereux dans ce genre de territoire.

Le 12 novembre 2017 Marie-Charlotte Faucher

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