Discours de Sonia Lavenir, représentante départementale lors de la manif du 9 mars

Nous personnes en situation de handicap et leurs proches représentons 23 millions de citoyens soit le 1/3 de la population française. Nous ne sommes pas une minorité de la société. Et pourtant nous sommes invisibilisés, discriminés, et souvent maintenus dans la précarité.

Nous ne demandons pas la charité. Nous exigeons l’effectivité de nos droits les plus fondamentaux dont celui de vivre dignement pour être #AEgalité avec nos concitoyens.

Depuis 10 ans, le quotidien des personnes en situation de handicap ne cesse de se dégrader et ce malgré les mesures et lois lancées tous azimuts par les différents gouvernements.

Ces politiques des petits pas n’ont pas permis de résoudre des multiples difficultés quotidiennes et obstacles rencontrés par les personnes : accentuation de la pauvreté, baisse du pouvoir d’achat, perte d’emploi…

Selon l’enquête Ifop APF France handicap 2022

  • 74 % des personnes en situation de handicap indiquent s’en sortir difficilement avec les ressources du foyer, une proportion plus grande que la population générale (58 %).
  • 71 % des personnes en situation de handicap déclarent que leur niveau de vie s’est dégradé
  • 91 % des personnes en situation de handicap et 85 % du grand public n’ont vu aucune amélioration ces dernières années
  • 84 % des personnes estiment également que leur handicap constitue un frein pour trouver un emploi

 

Le taux de chômage des travailleurs handicapés (16 %) est le double de celui de la population générale (8 %). Source - Le marché du travail des personnes handicapées, Agefiph 2020

En 2021, les travailleurs handicapés sont 12 % de plus au chômage de longue durée par rapport à la population générale et sont en moyenne 213 jours de plus au chômage.

Trop nombreux parmi nous ont perdu leur emploi ou ont été mis à la retraite lors de la survenue de leur handicap.

Et combien de nos jeunes formés et diplômés peinent à décrocher leur 1er emploi.

 

Et que dire de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) pour les personnes dont leur incapacité est une restriction substantielle et durable à l’emploi. Elles perçoivent une AAH à taux plein de 903 €/mois soit 200 € sous le seuil de pauvreté ! Et surtout, il ne faut pas tomber amoureux et avoir un conjoint qui gagne un peu plus que le smic au risque de voir votre AAH allégée. Et au-delà de 2 200 € pour un couple sans enfant votre AAH est supprimée. Vous voilà donc sous la dépendance financière de votre conjoint comme un mineur sans indépendance financière.
Sinon pour conserver votre AAH vous êtes condamné au célibat ou à rester vivre dans votre famille, là étrangement les revenus familiaux ne sont pas pris en compte dans le calcul du montant de votre AAH.

 

Quant à ceux qui ont eu la chance de travailler avant que le handicap ne s’invite dans leur vie selon leur niveau d’invalidité ils vont percevoir une pension d’invalidité calculée sur le revenu annuel moyen à partir des 10 meilleures années d'activité. La pension d’invalidité de catégorie 1 minimale est seulement de 297 €/mois !!
Et si vous avez la chance de pouvoir exercer une activité professionnelle (souvent à temps partiel à cause de votre handicap) pour compléter vos revenus, le cumul de votre salaire et de votre pension ne doit pas dépasser votre ancien salaire perçu avant l'arrêt de travail pour invalidité. Autant dire que vous êtes condamnés à la stagnation de vos ressources, pas de promotion ni d’augmentation substantielle au risque de perdre votre pension et donc une perte sèche de votre niveau de vie.

 

#PouvoirVivreDignement #CEstLaBase

Selon l’enquête Ifop APF France handicap 2022 le top 3 des attentes des 23 millions de citoyens concernés par le handicap c’est :

  • la déconjugalisation de l’AAH
  • la création d’un véritable revenu individuel d’existence pour les personnes en situation de handicap
  • une meilleure prise en charge financière de la compensation du handicap (aides humaines et techniques)

 

Ras le bol d’être traités comme des sous personnes, d’êtres les oubliés.

Nous sommes des citoyens à part entière. Nous sommes des électeurs. Notre voix compte.

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